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Extrait - Et nul oiseau ne chante UTOPIKVirginie Cavalier
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ET NUL OISEAU NE CHANTE

2024, installation sonore, rotin, contreplaqué, Haut parleur étanche, batterie solaire, dispositif sonore autonome. Diffusion de chants de Merle noir, Rouge Gorge, Accenteur Mouchet, Grive musicienne, Troglodyte Mignon, Mésange bleue, Pouillot Véloce, Pinson des arbres.
Vue de l'exposition Des bourgeons sur les ronces, Usine Utopik, Tessy-Bocage.
Production Usine Utopik
Crédit photo : Virginie Cavalier

"Les oiseaux nous font “lever les yeux, tendre l’oreille, redoubler d’attention, sourire, penser, chercher, chasser” - remarque l’essayiste Marielle Macé dans son ouvrage Une pluie d’oiseaux (2022) -. Or, le tissu multi-espèce de nos campagnes est littéralement en train de s’effondrer, en propulsant  dans le néant un tiers de ces animaux en seulement quinze ans. “Qu’est-ce que ça nous fait alors, de voir s’éteindre ceux à qui on s’agrippe, de sentir pleuvoir ceux à qui et par qui tant de discours, d’histoires, d’aventures, d’écoute, de captures, nous ont depuis si longtemps liés ?” s’interroge-t-elle.

 

C’est dans la continuité de ces questionnements solastalgiques que se situent les œuvres les plus  récentes de Virginie Cavalier. Alors qu’elle poursuit une vaste recherche fondée sur les relations de symbiose et de domination entre l’humain et le sauvage, elle resserre progressivement sa pratique à l’exploration spécifique de cette faune aérienne, infatigable voltigeuse des arbres et du ciel. Son installation sonore Et nul oiseau ne chante - dont le titre est tiré d’un chapitre du célèbre essai Printemps silencieux (1962) de la biologiste Rachel Carson - se projette dans un monde où la  crise écologique aura définitivement fait disparaître le chant des oiseaux. L'artiste a “capturé” les gazouillements rencontrés lors de ses incursions en forêt pour les “encapsuler” dans des cages en rotin vides, à l’intérieur desquelles des enceintes rediffusent la captation. Comme tout langage animal, ces sons racontent l’identité, les désirs et le territoire de leurs émetteurs. Résultat, le “butin” sonore se transforme en vestiges fantomatiques, témoins de la fragilité qui caractérise ce que le philosophe Bruno Latour a nommé la zone critique, autrement dit l’enveloppe vivante autour du globe, située de l’atmosphère aux eaux souterraines."

Licia Demuro

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