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FAGOT DE CONDITION
2018, Martre, Renard, Tortue et Blaireau naturalisés, ossements, ficelle blanche.

Vue de l'exposition VISIO - Je dis qu'il faut être voyant au Parvis - Scène Nationale Tarbes-Pyrénées. 2018
Crédit photo : Alain Alquier

2018-2020, Blaireau, Renard et Tortue naturalisés, ossements, ficelle blanche.

Vue de l'exposition animal cum Animali à la Théorie des Espaces Courbes, Voiron 2022

Crédit photo : Frank Maury

2018-2019, Chevreuil et Isard naturalisés, ossement, ficelle blanche.

Vue lors du Parcours de l'Art #26 ...Si demain, Église des Célestins, Avignon 2019

Crédit photo : Virginie Cavalier

A partir d’ossements trouvés en montagne lors de mes marches, je constitue des fagots que je place sur le dos d’animaux naturalisés. Interactions entre intérieur et extérieur, ce sont des totems. Les assemblages réinventent ces anatomies reconstituées. Il s’agit de composer jusqu’à ce que l’animal soit à la limite de ne plus supporter le volume.

Le fagot est une contrainte, dont la taille est à la démesure de l’animal, le tord parfois et dont l’instabilité créée devient frappante. A la manière d’une allégorie, l’animal porte ce dont il est fait, éprouve le poids des ces ancêtres, de ces milliers d’années d’évolutions et d’adaptations.
 
Ces animaux sont le signe d’une difficulté de la faune à perpétuer son espèce. Si anciennes, elles forment le bagage du vivant. Fagot de condition, l’animal porte sa condition d’être mortel, fagots différents  pourtant confectionnés de la même ficelle. Bagage unique pour chaque animal, pour chaque entité dont la condition les lie, nous lie, tous de la même manière.
"Je ne voudrais pas achever cette introduction au travail de Virginie Cavalier sans citer une des œuvres qui me paraissent les plus marquantes : celle appelée « Fagot de condition » (2017-2020) (« condition » pris au sens de rang, de statut, de destinée). Elle présente une série de « sculptures »-taxidermique d’animaux en pied (renard, blaireau, chamois et / ou chevreuil) portant chacun sur leur dos un paquetage d’ossement blancs ficelés. Justifiant cette installation l’artiste s’exprime ainsi : « À partir d’ossements trouvés en montagne, je constitue des fagots que je place sur le dos des taxidermies. (…) Je vois le fagot (d’os) comme une contrainte dont la taille est à la démesure de l’animal, le tord parfois et dont l’instabilité créée devient frappante. Je forme une allégorie : faire porter à l’animal le poids des ancêtres, de sa condition d’être mortel ». Pour expliciter l’esprit de cette création, je cite le poème que j’ai écrit à son sujet qui permet de mieux comprendre la démarche sinon la philosophie de l’artiste."

 

BALUCHONS D’OS

 

Un fagot d’os est solidement sanglé par une cordelette

sur le dos du renard, du blaireau, de la biche.

Chacun va de son côté avec son chargement.

 

Tant d’autres animaux portent aussi leur fagot d’os.

Ils vont ainsi au loin, empruntant des chemins secrets,

divaguant à droite, à gauche, suivant les nécessités du vivre.

 

Les os de chaque fagot sont blancs, lumineux,

ils ne pèsent d’aucun poids, serrés les uns contre les autres :

os du crâne contre os longs, ramures contre cornes...

Ils s’appartiennent les uns aux autres, on ne pourrait les séparer.

 

Les animaux portent ainsi leur condition d’être mortel,

comme le dit Virginie Cavalier ; ils portent leur condition d’être-pour-la-mort.

 

Ces os sont ceux des ancêtres de leur lignée,

ils ne sauraient être déposés en aucune terre ni enfouis dans aucun sol,

abandonnés au fond d’une tanière ou sous un tas de feuilles.

Ils ne sauraient être dispersés

car un os seul, séparé des autres,

c’est une forme sans forme.

 

Un os seul est le piètre témoin d’un être qui a perdu toute assignation à une ascendance.

 

Les fagots d’os sont tels que les branches

assemblées d’un vieil arbre

né du sol de la vivante animalité dont nous sommes partie intégrante.

Il ne pèse pas plus que le poids d’une mémoire, mémoire elle-même rattachée

à une bien plus grande mémoire,

celle qui enveloppe le monde, qui en fait l’épaisseur de tout ce qui vit."

Joël-Claude MEFFRE, Extrait de LES INSTALLATIONS ANIMALIÈRES DE L’ARTISTE VIRGINIE CAVALIER REMARQUES INTRODUCTIVES, 2021.

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