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VIRGINIE CAVALIER
Chuckwalla
VIRGINIE
CAVALIER
Mon geste artistique rejoint de manière récurrente celui du pistage, du mimétisme, du glanage et se concentre sur les tensions et équilibres précaires qui régissent le vivant. Entre vie et mort, entre destruction et renaissance, entre proie et prédateur, j'en décèle les oxymores et les contrastes, cristallisés dans des sujets tels que la chasse, l'extractivisme, le spécisme, la domestication ou encore l'animisme et les dépendances inter-spécistes.
Par des gestes de soin, d’empathie, d’apaisement ou de recueillement, ma pratique tente de nous reconnecter aux animaux, végétaux et minéraux… De réparer ainsi les liens distendus, rompus ou aliénants, censés nous unir au vivant, et nous amener à reconnaître notre appartenance à la communauté du vivant.
Travailler hors de l’atelier, appréhender forêts, plaines, montagnes et zones humides, m’offre un champ d’expérimentation à la base de tout travail engagé. Ces incursions sont propices à l’installation d’affûts photographiques et sonores. Les qualités immersives du son, en lien avec des éléments de l'ordre du visuel, deviennent instruments de déploiement sensible et émotif. Les ambiances suscitées résonnent avec la mémoire et exaltent la perception d'une œuvre.
Envisagé comme catalyseur, l'affût me permet de provoquer la rencontre avec l’animal et entraîne ajustements, rebonds et élaborations venant nourrir et s’imbriquer à la pratique plastique menée ensuite à l’atelier. Ces sorties sont également l'occasion de glaner matières naturelles et animales (poils, ossements, peaux…), à partir desquelles se construisent sculptures, objets rituels et installations.
Le contact avec les habitants des territoires que je traverse prend également une place de plus en plus importante dans mon travail. À travers les échanges, ce sont des rapports singuliers au non-humain qui émergent : témoignages, pratiques, sensibilités plurielles sont vecteurs de l'émergence de nouvelles pistes à explorer. L’immersion dans un nouveau paysage, l’imprégnation de son biotope sont fondamentales.
En détachant la pratique plastique du cadre strict de l’atelier, je l'ancre dans une expérience active, située. Je veille à maintenir un équilibre entre le protocole in situ et le travail plastique qui en découle. Par le repérage, le tâtonnement, le pistage et l’écoute, j'arpente le terrain, et prend le pouls des espèces qui y laissent leurs traces. Tout passe par l'attention et la marche lente, seules capables de saisir les infimes indices de leurs présences.
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