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AIMER FAIRE ÉPHÉMÈRE
2021, hameçons mouche pour les montages carnassier, électrodes de découpeurs plasma, plumes, huile de tournesol, bocaux en verre, étagère en métal, plaques de verre éclairées.
Vue de l'exposition animal cum Animali, La Théorie des Espaces Courbes, Voiron. 2022
Crédit photo Virginie Cavalier et Frank Maury
«Dans l’installation Aimer faire éphémère, l’artiste réinvente, à l’aide de plumes et autres éléments métalliques, ses propres mouches de pêche à la manière des pêcheurs qui, pour appâter les poissons, créent des imitations d’insectes aquatiques. Détournements poétiques du grand récit de la chaine alimentaire, les mouches confectionnées sont immortalisées dans des bocaux sous formol à l’instar d’êtres rares ou disparus. Ainsi, le geste artistique flirte sans cesse avec celui du pistage, du mimétisme et du glanage, tel qu’il est pratiqué par les chasseurs-cueilleurs. »

Licia Demuro
Critique d’art et journaliste indépendante
Extrait du texte commandité dans le cadre de la résidence de création à l’Usine Utopik 2024, Tessy-Bocage


On appelle mouche toute imitation, généralement d’insectes, aquatiques la plupart du temps, utilisée par les pêcheurs à la mouche. Habituellement mesurant 2 cm au plus, ici les mouches sont imposantes. Des compositions à l’origine éphémères de par leur utilisation, sont détournées dans l’idée de les conserver. Ambiguïté entre macération végétale et matières animales.

« De l’animal à l’animisme, il y a peu. L’art, chez Virginie Cavalier, n’est jamais loin de l’esprit chamanique. Ni du jeu de mots. L’artiste emprisonne ainsi le chant des oiseaux dans des tuyauteries de cuivre, surmontées de bouquets de cardères séchées : les cardères se nomment aussi « chardons » et chardonnerets sont les oiseaux qui chantent ici… Un appât, des appeaux. Elle confectionne des flèches en plumes de paon, qu’elle pose en équilibre sur de fines tiges taillées en pointe : flèches que le moindre de nos souffles anime, flèches qui se retournent contre nous, flèches qui nous flèchent… Et par une belle pirouette, elle dispose, sur les rayons d’une étagère, de ces bocaux que l’on voyait naguère dans les muséums ou les classes de sciences naturelles. Sauf qu’elle a remplacé le formol par de l’huile de tournesol et que ce ne sont pas des animaux qui sont dedans, mais les appâts qui servent d’ordinaire à les capturer : des mouches de pêche, en l’occurrence. Ces esches, qu’est-ce ? Règne des leurres... »


Jean-Louis Roux
Extrait de  Où gît le lièvre. Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné
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